La pistache : Une filière française en devenir

Depuis 2018, des pistachiers poussent de nouveau dans le sud de la France, principalement en Provence-Alpes-Côte d’Azur, en Occitanie et en Corse. Une renaissance due au réchauffement climatique, mais aussi à la volonté de certains agriculteurs de diversifier leurs cultures.  

D’après le syndicat France Pistache, 450 hectares sont aujourd’hui plantés et plus d’une centaine d’agriculteurs se sont lancés dans l’aventure, dont la moitié en agriculture biologique.  

Rustique, le pistachier s’adapte parfaitement aux conditions climatiques actuelles : il supporte les longues périodes de sécheresse, déteste avoir les pieds dans l’eau, affectionne les fortes chaleurs estivales mais aussi le froid hivernal. Sa floraison tardive, entre avril et début mai, le protège des gelées printanières.  

Autant d’arguments qui ont convaincu Daniel Marcel, agriculteur dans le sud de l’Ardèche, installé dans le joli village de Chauzon. Avec sa sœur, il cultive un demi-hectare de pistachiers, sur l’exploitation familiale qui existe depuis plusieurs générations.   

L’idée de se lancer, lui est venue « en prenant l’apéro », comme il aime rappeler. « On s’est dit qu’on adorait les pistaches ! Il n’y avait plus de production en France depuis près d’un siècle, nos terres argilo-calcaires s’y prêtaient, alors on a tenté l’expérience ».

Une culture de la patience  

Quatre ans plus tard, après une formation à la Chambre d’Agriculture d’Avignon, ce pionnier a planté une centaine de pieds et attend sa première récolte en septembre. D’ailleurs, il compte bien faire découvrir ses pistaches aux visiteurs de passage dans sa belle région.    

« Nous avons choisi une variété espagnole, la Kerman, mais nous envisageons aussi de planter de la Larnaka qui vient de Grèce. La pistache est une culture relativement facile, bien moins contraignante que la vigne.  Elle résiste naturellement aux insectes et nous utilisons uniquement des produits naturels pour la traiter.  A terme, nos pistachiers atteindront cinq mètres de hauteur ! » 

Mais la pistache est un fruit qui se mérite : il faut patienter six ans avant une première production. D’après le Syndicat France Pistache, 800 kilos ont été récoltés en 2024. Pour protéger et promouvoir cette jeune production, une marque nationale collective « Pistaches de France « a vu le jour. Elle constitue la première étape dans le long processus vers l’obtention d’un signe de qualité, comme l’Indication Géographique Protégée (IGP). 

 « Les débouchés existent », souligne Daniel Marcel.  « En Ardèche, nous fabriquons du nougat, les glaces à la pistache sont très demandées, les pâtissiers l’utilisent dans leurs gâteaux, les charcutiers aiment aussi l’incorporer dans les terrines…sans oublier le snacking. Et c’est un fruit à coque excellent pour la santé grâce à ses qualités nutritionnelles ».  

 En effet, la pistache est riche en protéines végétales, en acides gras insaturés, en fibres, en vitamines et en minéraux. Une portion couvre à elle seule 20% des apports journaliers en vitamine B1 et 25% en vitamine B6).  

 Pourtant, la France importe encore la quasi-totalité de ses pistaches :  plus de 10 000 tonnes par an, principalement des Etats-Unis, de Turquie et d’Iran.

Une pistache de qualité 

La production hexagonale en est à ses débuts, mais Daniel Marcel reste optimiste. « L’idée c’est de produire davantage, car il y a des débouchés, de la place pour tout le monde. En vente directe nous pouvons tabler sur 10 euros le kilo. C’est très rentable et les Français raffolent des pistaches, mais la plupart ne savent pas encore que nous en produisions dans le Sud du pays ! « 

Le pistachier a donc de l’avenir, avec ses variétés aux arômes différents, plus ou moins prononcés. Il ambitionne de se positionner sur le marché de l’excellence.  

Alors n’hésitez pas : partez à la découverte de cette toute jeune production made in France. Un nouvel exemple de circuit court. Un tournant dans la filière française de la pistache, portée par des acteurs locaux déterminés à promouvoir une agriculture durable et un produit de qualité. 

Nathalie Chevance