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LE SAVON DE MARSEILLE : TOUTE UNE HISTOIRE

illustration la corvette savonnerie du midi à Marseille

C’est un petit cube emblématique, symbole de l’artisanat local. Il a traversé les siècles et résisté aux révolutions industrielles.  Aujourd’hui, il lutte contre les contrefaçons et défend un savoir-faire ancestral.  

  Au début du XXème siècle, Marseille comptait 129 savonniers : c’était l’âge d’or. Désormais, ils ne sont plus que quatre, Le Fer à Cheval, Le Sérail, Marius Fabre et la Savonnerie du Midi à fabriquer un savon artisanal et traditionnel, respectant trois grands principes. 

  • N’utiliser que des huiles végétales (sans graisse animale) 
  • Aucun colorant ni parfum, son odeur caractéristique vient uniquement de l’huile d’olive 
  • Une saponification en chaudron, un procédé artisanal qui dure entre sept et dix jours, avec du sel, de la soude et de l’eau. Rien de plus.   
  • La fabrication doit impérativement se dérouler à Marseille ou dans sa région.
portrait Guillaume Fievet directeur savonnerie du midi marseille

Un combat pour l’authenticité 

 « A quatre, nous avons créé l’Union des Professionnels du Savon de Marseille (UPSM) en 2011, ainsi que notre propre label, pour garantir le respect de la fabrication traditionnelle, explique Guillaume Fiévet, président de La Corvette (Savonnerie du Midi). « Nous nous attachons à ancrer nos entreprises sur le territoire. Notre savonnerie, qui existe depuis 1894, a été labélisée Entreprise du Patrimoine Vivant.  Il est essentiel de nous positionner comme les défenseurs d’un savoir-faire ».   

 « C’est très important de faire de la pédagogie » insiste encore Guillaume Fiévet. « Nous devons protéger le savon de Marseille, qui a souffert de la désindustrialisation et de la concurrence. Il faut aussi rappeler ses nombreux usages et ses vertus : 100% naturel, hypoallergénique, biodégradable, il est aussi efficace pour l’hygiène corporelle que pour l’entretien du linge.» 

 Autrefois, on se brossait même les dents avec du savon de Marseille ! On raconte aussi que glisser un savon entre son sommier et son matelas, éviterait les crampes nocturnes. Mais cela reste une histoire de grand-mère… 

Souvent imité, jamais égalé 

Pour sensibiliser les consommateurs, La Savonnerie du Midi, qui emploie encore 43 salariés et trois maitres savonniers dans les quartiers nord, son fief historique, a ouvert un musée, au cœur de ses ateliers. Des visites guidées sont également proposées par les savonneries traditionnelles, afin de montrer tout le processus de fabrication du véritable savon de Marseille. Un nécessaire travail d’explication qui donne des résultats.   

« La réalité, c’est que les modes de consommation évoluent.  Les achats sont aujourd’hui plus réfléchis, ils doivent avoir du sens », souligne Guillaume Fiévet.  Le tourisme du savoir-faire est en plein essor :  On visite nos savonneries comme on visite une cave viticole. Nous sommes très heureux de partager en direct notre mode de fabrication artisanale. Le savon de Marseille est un véritable produit du terroir » 

Un produit qui s’exporte d’ailleurs très bien, notamment en Asie, où les consommateurs raffolent du Made in France et de la Provence.  « Avec nos petits cubes, les Japonais et les chinois ont l’impression d’avoir entre leurs mains, un morceau d’histoire. C’est aussi un produit d’une grande simplicité, efficace et esthétique.»  

Depuis une dizaine d’années, la demande pour des produits bruts, naturels et en vrac ne cesse de croître.  Le savon de Marseille en copeaux, par exemple, est plébiscité pour laver le linge en machine, car il est plus économique et écologique.  

 

Un dernier combat : l’IGP 

Mais les savonniers traditionnels marseillais ont encore un défi majeur à relever : l’obtention d’une Indication Géographie Protégée (IGP). Ils y travaillent depuis des années, car en raison d’un vide juridique, le terme « Savon de Marseille » n’est pas protégé. Cela permet à de nombreux industriels d’en produire très loin de Marseille, parfois avec des procédés et des ingrédients éloignés de la recette traditionnelle. 

 « On ne désespère pas, au contraire ! » assure Guillaume Fiévet. « Cela nous encourage à continuer de promouvoir notre savoir-faire et à sensibiliser le public à notre produit d’exception : le savon de Marseille.»  

 

Nathalie Chevance

Crédits photos : Julie Cohen

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